lundi 12 février 2007
jeudi 8 février 2007
Manifeste contre l'homophobie
MANIFESTE CONTRE L'HOMOPHOBIE
● Un monde hétéronormé – Nous vivons dans un monde où les homosexuels
doivent mendier aux
hétérosexuels le droit de se montrer, le droit d'aimer, le droit
d'élever des enfants (s'ils assurent aux
hétérosexuels que ces enfants ne deviendront pas homosexuels à leur
tour), le droit de ne pas se faire
insulter, le droit de ne pas se faire molester... Dans ce monde, la
norme est de considérer que
l'hétérosexualité vaut mieux que l'homosexualité, que l'homosexuel a
moins le droit au respect que
l'hétérosexuel, que l'homosexuel a moins le droit de vivre dans la
dignité, sans se faire insulter, sans se faire
agresser. Nous vivons dans un monde où il est plus facile d'ignorer les
plaintes des homosexuels que de
choquer des homophobes, parce que les homosexuels sont obligés d'être
gentils et devraient se réjouir des
miettes concédées par les hétérosexuels. Des droits sont acquis, mais le
quotidien n'a pas changé. Voici le
monde dans lequel nous vivons, hétérosexuels comme homosexuels, et il
est plus doux pour les uns que
pour les autres.
Nous qui portons ce texte, ce monde-là nous fait horreur. Nous en avons
assez que les homosexuels
doivent demander la permission de vivre au grand jour ou de recevoir
justice quand des homophobes les
frappent, avec des mots ou avec des poings. Aujourd'hui, en Belgique,
l'homophobie est hors-la-loi. L'heure
n'est plus à demander l'autorisation de s'en plaindre. Ce ne sont pas
les homosexuels qui doivent se faire
discrets pour ménager la sensibilité des hétérosexuels. Ce sont les
homophobes qui doivent faire silence et
cesser les violences, physiques et symboliques.
● Ce n'est pas à la victime de violences de se faire petite pour se
faire moins taper – Certains prétendent
que les revendications des homosexuels attisent la haine. Or, rappeler
avec des mots et des images les
attaques dont sont victimes les homosexuels ne constitue pas une
provocation. L'hostilité existe et elle
s'impose à eux. Il n'y a pas plus d'homophobie quand on la dénonce : il
y en a moins. De même, il ne revient
pas aux homosexuels de ménager les hétérosexuels. C'est l'inverse.
Prétendre le contraire, c'est prétendre
que la violence est légitime et que la victime a mérité son sort. La
femme violée n'est jamais habillée trop
sexy. L'homosexuel insulté n'est jamais trop extravagant. Ce sont les
agresseurs les coupables, qu'il faut
montrer du doigt et punir.
● Le mot « tapette » désigne un tue-mouche – Le mot « enculé » désigne
une pratique sexuelle. Le
rappeler aux hétérosexuels est légitime. Les recevoir tous les jours au
visage, comme des gifles à accepter
les yeux baissés, voilà ce qui est illégitime. Le droit des
hétérosexuels à employer des mots comme
« tapette » ou « enculé » pour désigner ce qu'ils méprisent conduit
chaque année des jeunes adolescents à
se reconnaître comme monstrueux et se donner la mort. Nous pensons que
le droit des homosexuels à la
dignité et à la vie dépasse le besoin de confort langagier des
hétérosexuels.
De nombreux hétérosexuels prétendent ne pas penser à mal en disant «
tapette ». Nous les croyons.
Toutefois, cela n'enlève rien au fait que leur droit à déverser ce mot
dans leurs conversations n'égale pas
celui des homosexuels à ne pas le subir. Ce mot et beaucoup d'autres
sont une forme de violence et
légitiment les violences physiques, parce qu'ils renforcent l'idéologie
dominante d'un monde où l'homosexuel
a moins le droit au respect que l'hétérosexuel. Chaque fois qu'une
insulte homophobe est prononcée par un
hétérosexuel, à dessein ou non, la violence homophobe est renforcée dans
sa légitimité. Or elle est
inacceptable.
● Les stigmates de l'homophobie appartiennent aux homosexuels – En
conséquence, identifier ces
insultes afin de les combattre apparaît comme un des impératifs de la
lutte contre l'homophobie. Le triangle
rose, le tue-mouche, et toute la liste des coups infligés aux
homosexuels par des hétérosexuels sont la
propriété morale des homosexuels. Ils savent mieux que quiconque de quoi
ils souffrent et comment utiliser
leurs blessures pour dénoncer leurs agresseurs.
Dès lors, nous déclarons notre opposition à toute forme d'homophobie, à
toute espèce d'inaction qui
l'entérine, ainsi qu'au discours culpabilisant auquel les homosexuels se
heurtent dans la revendication de
leur fierté, de leur honneur, de leur sécurité et de leurs droits. Il
n'y a pas une bonne et une mauvaise
homosexualité, une qu'il faudrait montrer et une autre cacher.
Terry Dock, le 8 février 2007
● Un monde hétéronormé – Nous vivons dans un monde où les homosexuels
doivent mendier aux
hétérosexuels le droit de se montrer, le droit d'aimer, le droit
d'élever des enfants (s'ils assurent aux
hétérosexuels que ces enfants ne deviendront pas homosexuels à leur
tour), le droit de ne pas se faire
insulter, le droit de ne pas se faire molester... Dans ce monde, la
norme est de considérer que
l'hétérosexualité vaut mieux que l'homosexualité, que l'homosexuel a
moins le droit au respect que
l'hétérosexuel, que l'homosexuel a moins le droit de vivre dans la
dignité, sans se faire insulter, sans se faire
agresser. Nous vivons dans un monde où il est plus facile d'ignorer les
plaintes des homosexuels que de
choquer des homophobes, parce que les homosexuels sont obligés d'être
gentils et devraient se réjouir des
miettes concédées par les hétérosexuels. Des droits sont acquis, mais le
quotidien n'a pas changé. Voici le
monde dans lequel nous vivons, hétérosexuels comme homosexuels, et il
est plus doux pour les uns que
pour les autres.
Nous qui portons ce texte, ce monde-là nous fait horreur. Nous en avons
assez que les homosexuels
doivent demander la permission de vivre au grand jour ou de recevoir
justice quand des homophobes les
frappent, avec des mots ou avec des poings. Aujourd'hui, en Belgique,
l'homophobie est hors-la-loi. L'heure
n'est plus à demander l'autorisation de s'en plaindre. Ce ne sont pas
les homosexuels qui doivent se faire
discrets pour ménager la sensibilité des hétérosexuels. Ce sont les
homophobes qui doivent faire silence et
cesser les violences, physiques et symboliques.
● Ce n'est pas à la victime de violences de se faire petite pour se
faire moins taper – Certains prétendent
que les revendications des homosexuels attisent la haine. Or, rappeler
avec des mots et des images les
attaques dont sont victimes les homosexuels ne constitue pas une
provocation. L'hostilité existe et elle
s'impose à eux. Il n'y a pas plus d'homophobie quand on la dénonce : il
y en a moins. De même, il ne revient
pas aux homosexuels de ménager les hétérosexuels. C'est l'inverse.
Prétendre le contraire, c'est prétendre
que la violence est légitime et que la victime a mérité son sort. La
femme violée n'est jamais habillée trop
sexy. L'homosexuel insulté n'est jamais trop extravagant. Ce sont les
agresseurs les coupables, qu'il faut
montrer du doigt et punir.
● Le mot « tapette » désigne un tue-mouche – Le mot « enculé » désigne
une pratique sexuelle. Le
rappeler aux hétérosexuels est légitime. Les recevoir tous les jours au
visage, comme des gifles à accepter
les yeux baissés, voilà ce qui est illégitime. Le droit des
hétérosexuels à employer des mots comme
« tapette » ou « enculé » pour désigner ce qu'ils méprisent conduit
chaque année des jeunes adolescents à
se reconnaître comme monstrueux et se donner la mort. Nous pensons que
le droit des homosexuels à la
dignité et à la vie dépasse le besoin de confort langagier des
hétérosexuels.
De nombreux hétérosexuels prétendent ne pas penser à mal en disant «
tapette ». Nous les croyons.
Toutefois, cela n'enlève rien au fait que leur droit à déverser ce mot
dans leurs conversations n'égale pas
celui des homosexuels à ne pas le subir. Ce mot et beaucoup d'autres
sont une forme de violence et
légitiment les violences physiques, parce qu'ils renforcent l'idéologie
dominante d'un monde où l'homosexuel
a moins le droit au respect que l'hétérosexuel. Chaque fois qu'une
insulte homophobe est prononcée par un
hétérosexuel, à dessein ou non, la violence homophobe est renforcée dans
sa légitimité. Or elle est
inacceptable.
● Les stigmates de l'homophobie appartiennent aux homosexuels – En
conséquence, identifier ces
insultes afin de les combattre apparaît comme un des impératifs de la
lutte contre l'homophobie. Le triangle
rose, le tue-mouche, et toute la liste des coups infligés aux
homosexuels par des hétérosexuels sont la
propriété morale des homosexuels. Ils savent mieux que quiconque de quoi
ils souffrent et comment utiliser
leurs blessures pour dénoncer leurs agresseurs.
Dès lors, nous déclarons notre opposition à toute forme d'homophobie, à
toute espèce d'inaction qui
l'entérine, ainsi qu'au discours culpabilisant auquel les homosexuels se
heurtent dans la revendication de
leur fierté, de leur honneur, de leur sécurité et de leurs droits. Il
n'y a pas une bonne et une mauvaise
homosexualité, une qu'il faudrait montrer et une autre cacher.
Terry Dock, le 8 février 2007
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